19/09 au 19/11/09: Fin du parcours franco-italien

Bonjour a tous et merci pour vos reactions a mes problemes de sante! Je vous rassure tout de suite: mon calcul a fini par devenir un lointain souvenir, aide un peu par les medicaments prescrits en cas de douleur. Au niveau physique, je me porte bien et je mange correctement, en n'oubliant pas de boire ma biere reparatrice quotidienne. La depense energetique due a la marche au long cours m'a fait perdre plus d'une dizaine de kilos en route depuis mon depart, ce qui me va assez bien. (j'en avais deja perdu 8 en arrivant a Rome) Par contre, le rembourrage au niveau des clavicules ayant diminue, je commence a ressentir parfois une gene due aux bretelles du sac...
Voici donc deux mois que je chemine vers Jerusalem! Je suis arrivee a Bari hier apres-midi, le temps de faire une lessive au lavomatic (le 1er depuis Rome!) et j'ai pris de suite le bateau nocturne pour Igoumenitsa en Grece. J'ai paye le billet de base a 32,02 mais je ne pouvais payer les 50 suppl de couchette sans grever mon budget... Finalement, j'ai pu obtenir gracieusement une cabine aupres du responsable de la reception en expliquant mon parcours depuis le depart et mon projet... Ca valait la peine d'essayer, et en plus, j'ai dormi seule! Sur le bateau, j'ai rencontre avec beaucoup de sympathie un couple d'Indiens en voyage europeen, il m'ont ainsi permis de me remettre a parler anglais et d'essayer d'oublier de penser en italien...
Je reviens sur cette partie de mon cheminement depuis Rome. Au niveau du temps, j'ai eu la joie de marcher 7 jours sur 8 sous la pluie en partant de Rome, n'apercevant parfois les montagnes du Latium et de Belize qu'a travers les gouttes ou la brume. Le temps fut ensuite assez clement sur la fin de Belize, en longeant les Abruzzes et dans les Pouilles. Les 3 derniers jours de mon parcours italien furent tres brumeux le matin et couverts le long de la cote adriatique, en compagnie des salines reserves de faune et des zones de maraichage.
Cette derniere partie italienne s'est averee assez differente car rarement frequentee par des pelerins a pied, et encore moins a cette saison! J'ai eu de chouettes rencontres avec quelques personnes admiratives, interressees par mon parcours, des maraichers ne voulant pas que je paye les 2 fruits dont j'avais besoin, des personnes insistant pour que je fasse les 2 derniers Kms les jours de pluie avec eux en voiture ou me guidant vers une eglise...
Mais j'ai eu beaucoup plus de mal a trouver un hebergement, les soeurs refusant tout le temps, et les eglises n'ayant pas toujours la porte ouverte.
J'ai dormi sur mon matelas a 5 reprises dans une salle paroissiale avec juste des wc et de l'eau froide et sans chauffage mais je m'y suis habituee... A Campodipietra, il n'y avait vraiment rien, mais finalement la chance fut avec moi car l'eglise a ouvert ce jour-la exceptionnellement pour l'inauguration de la statue de San Martino: j'ai finalement dormi dans le couloir des toilettes de l'eglise grace au pere et a Micheline,une paroissienne d'origine francaise qui m'a emmenee diner chez elle.(je la remercie et elle est dans mes prieres). Dans la paroisse de Zaponeta, le Pere a annonce en fin de messe ma presence en me souhaitant bon chemin et en demandant que l'on prie pour moi, et non seulement beaucoup de fideles sont venus m'encourager mais aussi j'ai pu dormir dans un appartement vide.
J'ai ete logee 2 fois dans un hotel par les Caritas diocesaines qui n'avaient pas de structure d'hebergement (dont une fois avec le diner). Un autre soir a Isernia, apres la messe, une paroissienne agee devait m'emmener chez des soeurs et finalement elle a pousse la generosite jusqu'a m'offrir la nuitee dans un hotel en refusant que je participe, en demandant juste que je me souvienne d'elle dans mes prieres.
J'ai trouve a San Giovanni Retondo et Monte Sant Angelo des structures d'accueil payantes mais chretiennes, a proximite immediate des sanctuaires, ce qui me permettait d'y aller le soir et le matin. Que d'emotions aussi en arrivant pres de Saint Pio et de decouvrir toute la ferveur des italiens pour lui et la presence des stigmates qui l'ont accompagne durant 50 ans. Ensuite a Monte Sant Angelo, j'ai cotoye la ferveur des fideles venant se recueillir dans la Basilique-Grotte ou lSaint Michel est apparu, comme au Mont saint-Michel. Ce furent deux moments importants de mon Pelerinage aussi parce que j'arrivais au terme de mon parcours italien.
Le reste du temps j'ai loge dans une chambre d'hotel, une pension ou un agritourisme, mais a chaque fois j'avais du mal a trouver...
A la derniere etape, j'ai loge dans un ancien accueil de Croises sur la route de Bari(ils prenaient le bateau ensuite jusqu'en Terre Sainte), en compagnie de Frati Minori (Franciscains). Dans l'eglise, une reproduction du Saint Sepulcre erigee par ces memes croises au retour: Signe du destin m'assurant de terminer a Jerusalem comme prevu?
J'ai fait une grosse erreur de tactique en montant les 8 Kms de route vers l'abbaye de Monte Cassino, pensant y beneficier d' un bon accueil, j'y suis arrivee de nuit, apres la fermeture du sanctuaire, et finalement j'ai passe la nuit seule dans une dependance de l'abbaye, les moines etant cloitres. Non seulement, ce jour-la, ayant marche trop longtemps avec des chaussettes usagees, j'ai attrappe une grosse ampoule sous un gros orteil, mais le lendemain il a fallu refaire ces 8 Kms. Toutes mes etapes suivantes en ont subi les consequences, car je me trouvais decalee par rapport aux accueils disponibles! Et il m'a fallut guerir cette ampoule.
Au niveau des depenses, en plus des nuitees, j'ai du remplacer des paires de chaussettes, acheter une autre polaire, racheter des sous-pull techniques: difficile de trouver les magasins adequats. Pour l'instant, mes sous-vetements tiennent encore(...) et mes pantalons ont des cordonnets ou des elastiques donc j'ai pu en modifier la taille.
J'ai eu plusieurs moments magiques sur ce Chemin qui m'ont fait toujours arriver un week-end dans les endroits sacres importants pour moi: un samedi a Assise, le dimanche 1er novembre a Rome, le samedi 14 novembre a San Giovanni Retondo et le dimanche 15 novembre a Monte Sant'Angelo. Aurais-je la Chance d'arriver a passer Noel au Couvent Saint Louis des Francais d'Istanbul?
Pour terminer, depuis un moment, chaque jour, je chante un couplet du Chant des Pelerins que j'ai adapte, et dont je vous confie les paroles:
Tous les matins, je m'en vais sur le chemin, Jerusalem m'appelle,
Depuis la Voie de Saint Jacques de Compostelle, sur la Route de la Paix.
Ultreia, ultreia, e suseya, Deus adjuva nos>